Dans le pays, un retrait silencieux du marché du travail s’étend parmi les jeunes diplômés. Après des années d’études et des débuts éprouvants, beaucoup suspendent leur carrière sans date de reprise. Les autorités s’en préoccupent, les entreprises aussi, tandis que des chercheurs y voient le symptôme d’un modèle épuisant. Le débat public s’ouvre, avec un avenir professionnel.
Les faits récents et ce que vivent les jeunes
Les services statistiques utilisent désormais l’expression population en repos pour décrire les inactifs qui ne cherchent plus d’emploi. En octobre 2025, 736 000 personnes âgées de 20 à 39 ans entraient dans cette catégorie. Le total dépasse les niveaux du début des années 2010, après une forte hausse depuis la pandémie.
Le phénomène touche de nombreux diplômés, y compris issus des établissements les plus sélectifs de Séoul. Une étude patronale observe une progression marquée entre 2019 et 2023. Beaucoup vivent chez leurs parents, alternent missions courtes, préparation de concours, ou tiennent grâce à une épargne accumulée.
Les récits décrivent des journées prolongées, des réunions tardives et des injonctions constantes. Les salaires d’entrée restent bas, la progression est limitée, la hiérarchie pèse. Des sociologues parlent de rébellion passive, un retrait assumé plutôt qu’un affrontement direct avec l’entreprise.
Réactions économiques et alertes sur les carrières
Le patronat chiffre un manque à gagner supérieur à 44 000 milliards de wons entre 2019 et 2023. Les auteurs assimilent ces personnes à des salariés potentiels, rémunérés autour de quatre cinquièmes du salaire moyen. Le signal inquiète des investisseurs et des économistes, attentifs aux moteurs de croissance.
La démographie ajoute une contrainte lourde. Le taux de fécondité a reculé à 0,72 enfant par femme en 2023, l’un des plus faibles au monde. La combinaison vieillissement rapide et main-d’œuvre réduite risque donc de peser durablement sur l’activité.
Dans le même temps, l’emploi des moins de trente ans recule malgré la reprise globale. Le nombre de diplômés en chômage de longue durée atteint un plus haut depuis plus d’un an. Les experts craignent un effet de cicatrice qui abîmerait les trajectoires et la productivité des jeunes sur des décennies.
Contexte démographique, marché du travail et trajectoires des jeunes
Les analyses de l’OCDE décrivent un marché très dual entre grands conglomérats et petites entreprises. Les salariés des grands groupes sont mieux payés et mieux protégés. Les petites structures cumulent horaires longs, rémunérations modestes et contrats à durée limitée.
Cette dualité nourrit une course aux diplômes. Les familles investissent dans des cours privés du soir, souvent suivis après des journées complètes d’école. À l’entrée dans la vie active, beaucoup découvrent un marché saturé où l’effort passé ne garantit ni emploi, ni progression claire.
Les pouvoirs publics déploient des programmes ciblés et un accompagnement personnalisé. Certains services proposent des parcours pour réhabituer au travail en équipe et à la communication en entreprise, parfois à distance. L’objectif est simple : recréer des passerelles crédibles vers l’emploi pour une génération découragée.
Perspectives et conditions d’un réengagement professionnel soutenable
Le malaise révèle les limites d’un modèle réputé performant sur le plan scolaire. Ramener les jeunes vers l’activité suppose des ajustements concrets sur les salaires, l’organisation, le management et l’appui lors de la sortie d’études. Sans ces chantiers, un retrait durable s’installerait dans une société déjà vieillissante. La fenêtre d’action existe, à condition d’aligner les attentes et les pratiques.