Les banques françaises se préparent à un durcissement des règles encadrant le découvert bancaire prévu en 2026. Une directive européenne impose désormais un contrôle plus strict de la solvabilité avant toute tolérance de solde négatif. Cette réforme vise la protection des clients, mais elle soulève des inquiétudes. Un changement annoncé qui pourrait peser sur la trésorerie de nombreux foyers habitués à utiliser cette marge de manœuvre.
Un cadre européen plus strict pour le découvert
Aujourd’hui, selon bfmtv.com, chaque établissement fixe librement la durée et le plafond de cette tolérance. Il choisit aussi le taux appliqué lorsque le compte passe dans le rouge. Cette souplesse permet d’adapter le découvert à la situation financière de chaque client. Les intérêts facturés constituent en retour une source de revenus importante pour les banques de détail.
À partir du 20 novembre 2026, ce mécanisme sera encadré par des garde fous plus stricts du droit européen. Avant d’autoriser un solde négatif, les banques devront analyser revenus, charges et antécédents de paiement. L’objectif officiel reste la prévention des situations de surendettement durable.
Dans les faits, certains profils risquent de voir leur marge de trésorerie réduite. Des autorisations auparavant accordées automatiquement pourraient devenir plus rares et limitées. Les ménages qui utilisaient ce filet de sécurité pour des dépenses imprévues craignent un manque de liquidités. La fin de mois pourrait devenir plus tendue pour eux.
Banques et clients face à un découvert plus encadré
Face à cette évolution, Daniel Baal, président de la Fédération bancaire française et du Crédit Mutuel, a pris position. Dans un message en ligne, il estime que la réforme a été pensée trop loin du terrain. Selon lui, elle ignore largement les réalités quotidiennes des agences.
Il qualifie le texte d’inadapté et disproportionné pour les besoins des clients et des conseillers. Il souligne que de nombreuses familles comptent sur une autorisation de découvert pour absorber un simple décalage de revenus. La nouvelle procédure risque selon lui de réduire cette souplesse jugée indispensable au quotidien.
Daniel Baal redoute aussi une expérience client dégradée, avec des dossiers plus longs et plus complexes. Les conseillers devraient consacrer davantage de temps aux contrôles au détriment du suivi personnalisé. Il assure toutefois que les banques tenteront de limiter les effets négatifs de cette réglementation. Elles devront pourtant l’appliquer sous peine de sanctions.
Rôle de l’État et enjeux pour les ménages
Le secteur reconnaît que sa marge de manœuvre restera limitée, le non respect du nouveau cadre pouvant être sanctionné. Les établissements devront adapter leurs procédures pour rester en conformité tout en préservant la confiance. Une partie des ajustements se jouera dans la façon d’expliquer ces contraintes aux clients.
Pour calmer les inquiétudes, la Fédération bancaire française a démenti une rumeur très relayée. Non, les clients n’auront pas à formuler une demande spécifique chaque fois qu’ils auront besoin d’un découvert. Les autorisations pourront rester durables, même si leur obtention pourrait devenir plus exigeante pour certains profils jugés sensibles.
Le ministère de l’Économie assure qu’il n’y aura pas de surtransposition de la directive européenne. Bercy affirme que le texte ne remet pas en cause l’accès des Français à cette facilité de trésorerie. Les effets concrets seront évalués au fil de la mise en œuvre et des retours du terrain.
Une réforme du crédit de trésorerie à suivre de près
Dans ce nouveau paysage, chaque acteur devra clarifier son rôle autour de cette réserve de trésorerie. Les banques devront expliquer plus clairement les conditions d’accès et suivre les effets sur les publics fragiles. L’État devra vérifier que personne ne se retrouve exclu sans s’en rendre compte. Les ménages, eux, auront intérêt à anticiper, car le découvert ne pourra plus être considéré comme un réflexe automatique.