« L’Europe vit sa dernière année de paix » : l’alerte d’Andreï Kozovoï, spécialiste de la Russie

Une interview met en lumière un avertissement sévère et des choix militaires redoutés en Europe

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Dans un entretien, l’historien Andreï Kozovoï estime que l’Europe pourrait vivre sa dernière année de paix. Son alerte repose sur une analyse des rapports de force actuels et de la stratégie russe. Elle s’inscrit aussi dans une réflexion nourrie par l’histoire et par une trajectoire familiale marquée par la répression. L’enjeu touche directement la sécurité du continent et la stabilité des prochaines années.

Chronologie des faits et propos d’Andreï Kozovoï

Au fil de l’entretien, Andreï Kozovoï avance une séquence nette, affirme lexpress.fr. D’abord, une « guerre hybride » s’intensifie, avec provocations et incursions non revendiquées. Ensuite, l’Europe affronte un choix stratégique majeur. Se borner à fournir du matériel, ou assumer, tôt ou tard, une présence directe pour rétablir un rapport de force crédible.

Il décrit un dirigeant persuadé d’imposer sa volonté. Dans des échanges rappelés avec Oliver Stone, Poutine juge Khrouchtchev « faible » durant la crise de 1962. Cette référence éclaire sa logique de confrontation. Elle suggère un seuil de risques plus élevé que par le passé, avec une tolérance accrue à l’escalade.

L’universitaire en déduit une ligne rouge pragmatique. Sans changement net sur le terrain, d’autres territoires deviendraient vulnérables. Il cite la Moldavie et les États baltes comme cibles faciles. Il relie ces signaux à l’idée centrale : la paix européenne se réduit, si la dissuasion demeure floue et fragmentée.

Réactions, perceptions et analyses d’Andreï Kozovoï

Le chercheur décrit une société russe tenue par la peur. La répression a étouffé les grandes mobilisations. L’empoisonnement d’Alexeï Navalny, en février 2024, a décapité l’opposition la plus visible. Protester contre le pouvoir devient dangereux. Les grandes villes restent relativement préservées, ce qui freine l’embrasement collectif.

Sur l’adhésion, les données restent contrastées. Les derniers sondages évoqués situent à 28 % le soutien à la poursuite de la guerre. Une majorité de jeunes aspire à la paix. Dans cette configuration, l’émergence d’un mouvement national massif paraît improbable, selon lui, au moins à court terme.

Andreï Kozovoï envisage plutôt une issue interne au système. Il évoque la possibilité d’une révolution de palais après la disparition du dirigeant. En parallèle, il plaide pour un rapport de force nettement appuyé. Sans cela, le coût différé pourrait se révéler plus lourd encore pour l’Europe.

Contexte historique, culture russe et perspectives ouvertes

L’avertissement s’enracine dans une mémoire intime. Sa grand-mère, Olga Ivinskaïa, inspira Lara dans « Le Docteur Jivago ». Elle subit deux déportations. Sa mère passa par la Loubianka et les camps. Ses parents se sont rencontrés autour des livres, par lettres, avant l’exil et l’installation en France.

Le père, Vadim, crut à la « Nouvelle Russie », puis se détourna. Les tirs de chars sur le Parlement en 1993 l’ont sidéré. La guerre de Tchétchénie l’a écœuré. Il est mort en 1999, l’année où Poutine est arrivé au pouvoir. Le désenchantement familial irrigue la réflexion présente.

Culturellement, il rejette une lecture binaire. Pouchkine, Tolstoï, Dostoïevski portent des ambivalences. « Les Poutine passent, les Pouchkine restent », écrit-il. Il décrit un chef nourri d’un complexe social, avide de citations, mais friable sur l’histoire. Andreï Kozovoï relie ces fils à des scénarios encore ouverts.

Les prochaines semaines diront l’ampleur du basculement européen

Les prochaines décisions pèseront lourd sur la sécurité européenne. Entre fermeté stratégique et risque d’escalade, la marge se réduit. Le message d’Andreï Kozovoï encourage des choix clairs et assumés. Les capitales doivent calibrer moyens, calendrier et buts politiques. À ce stade, prudence et détermination semblent liées, sous peine de voir le conflit gagner en intensité.

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