« Les banques françaises ferment les yeux » : BNP Paribas, BPCE, le Crédit agricole et la Société générale pointées par des ONG de financer la déforestation en Amazonie

Accusations d’ONG et réponses prudentes relancent le débat sur la responsabilité des établissements financiers nationaux.

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Deux ONG spécialisées publient un rapport qui met en cause quatre établissements majeurs. Elles affirment que des mécanismes de financement soutiendraient indirectement des activités liées à la déforestation en Amazonie. L’enjeu est sensible et relance un débat ancien. Les banques françaises sont invitées à démontrer la solidité de leurs engagements climatiques et la crédibilité de leurs procédures internes de contrôle.

Chronologie des accusations visant les banques françaises

D’après franceinfo.fr, le rapport est signé par Reclaim Finance et Canopée et a été publié le 19 novembre. Il vise BNP Paribas, BPCE, le Crédit agricole et la Société générale. Les auteurs estiment que ces acteurs pèsent lourd dans le financement mondial des matières premières agricoles.

Selon les ONG, quatre groupes bancaires ont participé à des opérations au bénéfice de Bunge et Cargill. Entre janvier 2024 et août 2025, ces flux atteindraient dix milliards de dollars, soit environ 8,7 milliards d’euros. Les auteurs y voient un soutien financier aux chaînes de valeur du soja brésilien.

Pour étayer leurs accusations, les ONG croisent les cartes de déforestation de MapBiomas avec des données cadastrales brésiliennes. Elles repèrent 273 cas proches de silos de Bunge ou Cargill, à moins de cinquante kilomètres. « Les banques françaises ferment les yeux », juge Andrea Hernandez, en réclamant un contrôle plus strict.

Réponses officielles et politiques sectorielles des banques françaises

BNP Paribas rappelle un objectif « zéro déforestation » pour ses clients exposés à l’agrobusiness. La banque fixe l’échéance à fin 2025 pour la mise en œuvre. Elle prévoit une évaluation en 2026 et se réserve la possibilité de revoir certaines relations commerciales selon le niveau de conformité.

La Société générale met en avant un cadre de lutte contre la déforestation incluant des critères d’exclusion pour la filière soja sud-américaine. Le Crédit agricole affirme suivre des engagements similaires et dit contrôler leur application. Les banques françaises défendent ainsi des politiques sectorielles présentées comme protectrices.

BPCE conteste des chiffres jugés « invérifiables » et une méthodologie insuffisamment détaillée. Le groupe annonce une publication de sa démarche sur la déforestation d’ici fin 2025. Bunge et Cargill visent la même échéance pour leurs chaînes d’approvisionnement. Pour les ONG, ces promesses restent fragiles tant que les flux perdurent.

COP30, Amazonie et limites des engagements climatiques

Les accusations interviennent alors que les dirigeants se réunissent à Belém pour la COP30. La protection des forêts tropicales figure au centre des échanges, jugée décisive pour limiter le réchauffement. Le président brésilien Lula a annoncé un fonds dédié à la lutte contre la déforestation afin d’appuyer cet objectif.

Pour les ONG, ces annonces ne suffisent pas si les financements restent orientés vers des activités destructrices. Klervi Le Guenic estime que l’impact d’un fonds demeurera limité sans encadrement ferme des soutiens. Elle demande de compléter les promesses positives par des règles strictes couvrant les entreprises de l’agrobusiness.

Un moratoire signé en 2006 encadre déjà la commercialisation du soja en Amazonie. Il interdit les ventes issues de terres déboisées après 2008. Malgré ce cadre, la pression demeure. Les ONG demandent que les banques françaises cessent de financer les acteurs impliqués, au risque d’entretenir un écart entre discours et pratiques.

Ce que cette controverse implique pour la crédibilité climatique bancaire

À ce stade, la question porte moins sur les promesses que sur leur vérification. Les établissements devront expliciter des critères, prouver des contrôles et clarifier les conséquences d’un non-respect. Les banques françaises jouent ici leur crédibilité climatique autant que leur réputation. Les premières réponses attendues seront scrutées lors des prochaines étapes publiques. Un calendrier précis et des indicateurs publics renforceront la confiance des parties prenantes.

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