Une vidéo affirme que les bijoux du Louvre auraient été retrouvés en Ukraine, chez un proche de Volodymyr Zelensky. Mise en ligne le mardi 18 novembre, elle recycle le cambriolage récent du musée parisien pour accuser à la fois Kiev et Paris. Derrière ce scénario spectaculaire, les vérifications montrent pourtant une rumeur fabriquée, portée par un réseau de propagande russe très structuré.
Une vidéo virale sur les bijoux du Louvre visant Timour Minditch
Selon tf1info.fr, la séquence circule en français et en anglais sur plusieurs plateformes, où elle cumule plusieurs millions de vues. Sur une seule publication, elle dépasse déjà 1,2 million de lectures, ce qui témoigne d’une diffusion extrêmement rapide.
Le récit affirme qu’une partie des pièces volées le mois dernier aurait été retrouvée en Ukraine, dans un appartement lié au pouvoir. Selon la voix off, certains biens saisis par le Bureau national anticorruption d’Ukraine prouveraient ce rebondissement spectaculaire.
Le commentaire assure que les enquêteurs auraient découvert chez Timour Minditch, homme d’affaires de quarante six ans au cœur d’un scandale de corruption énergétique, un collier et des boucles d’oreilles en émeraude. Ces bijoux sont présentés comme provenant directement du casse qui a visé les bijoux du Louvre.
Les bijoux du Louvre introuvables malgré des perquisitions massives en Ukraine
Les faits établis par les autorités vont pourtant à l’opposé du scénario relayé en ligne. Les communiqués publics racontent une histoire bien différente et beaucoup plus sobre. Le Bureau national anticorruption d’Ukraine confirme bien avoir mené plus de soixante dix perquisitions à Kiev et dans d’autres régions dans l’enquête visant Timour Minditch.
Dans ses communiqués, le service évoque la saisie d’une quantité importante de documents et d’argent liquide. En revanche, aucune mention ne porte sur la découverte d’une parure ou d’un collier lié au cambriolage.
En France, les enquêteurs rappellent que la collection dérobée au musée demeure introuvable et suit sa propre trajectoire judiciaire. Le casse parisien et la procédure anticorruption menée en Ukraine restent donc deux dossiers séparés, seulement rapprochés par cette vidéo trompeuse.
Une campagne structurée de désinformation russe exploitant le cambriolage du Louvre
Les images utilisées dans la séquence mêlent elles aussi éléments authentiques et ajouts trompeurs. On y voit un bureau couvert de liasses de billets, décor qui correspond à une photographie diffusée par l’agence anticorruption ukrainienne.
Les montages produits par le réseau de désinformation ajoutent en revanche une parure aux pierres vertes, absente du cliché d’origine. Les spécialistes notent que ce collier ne correspond pas à celui de l’impératrice Marie Louise volé au musée.
La pièce d’origine, visible sur le site officiel du Louvre, associe pierres carrées et rondes soutenant des émeraudes en forme de larmes. Le collier affiché dans la vidéo ne présente que des éléments ronds, ce qui fragilise encore la thèse d’une correspondance avec les bijoux du Louvre.
Un décryptage qui rappelle la nécessité de garder un regard critique sur ces vidéos virales
Face à ces manipulations, la réponse des autorités et le travail des services spécialisés rappellent l’importance d’un regard critique. Vérifier l’origine des images, confronter les récits aux communiqués officiels et prendre en compte le contexte géopolitique permet de limiter l’impact de ces infox. Sans ces réflexes, des vidéos spectaculaires construites autour des bijoux du Louvre risquent d’imposer un récit entièrement fabriqué.