C’est le village le plus froid de France : bienvenue dans la Petite Sibérie hexagonale !

Un village jurassien où l’hiver extrême façonne la vie, les paysages et les habitudes locales

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Dans un coin reculé du pays, l’hiver commence souvent avant la date officielle. Le thermomètre chute brutalement, la neige tient longtemps et les nuits semblent interminables. Ce village le plus froid fascine autant qu’il impressionne, entre curiosité météorologique et quotidien bien réel. Derrière l’image de carte postale, tout un territoire s’est organisé autour de ce climat extrême.

Un village le plus froid devenu laboratoire des hivers rigoureux

Selon partir.ouest-france.fr, quand la France évoque une vague de froid, les habitants de Mouthe relativisent. Les -7 °C récemment relevés à Mourmelon-le-Grand, présentés comme un record marquant, leur rappellent surtout, dans ce village le plus froid, un matin d’automne ordinaire, loin des plus basses températures vécues au cœur de l’hiver.

Le 13 janvier 1968, ce village du Doubs a signé un record officiel avec -36,7 °C mesurés par Météo France, température la plus basse relevée en France métropolitaine. Le même après-midi, le thermomètre affichait déjà +1,1 °C, soit près de 38 degrés d’écart en quelques heures. Cette amplitude illustre la violence des contrastes possibles en une seule journée.

Les archives locales mentionnent aussi -41 °C le 17 janvier 1985, valeur non reconnue par Météo France mais bien ancrée dans les mémoires. Sur une année moyenne, il gèle 176 jours, dont 80 jours sous -5 °C et 24 sans dégel. Six années sur sept, le mercure descend sous -20 °C, une année sur deux franchit -25 °C, et environ tous les huit ans il approche -30 °C.

Pourquoi ce village le plus froid se transforme en cuvette glaciale

La géographie locale explique l’essentiel de ce froid. Mouthe se situe à 930 mètres, au fond d’une cuvette du massif du Jura, à environ 25 kilomètres au sud-ouest de Pontarlier. Dans ce village le plus froid, l’air refroidi, plus dense, glisse des pentes et s’accumule au bas de la vallée comme de l’eau dans un bassin.

Quand le vent tombe, cet air immobilisé continue de se refroidir pendant la nuit par rayonnement. Les nuits les plus glaciales surviennent sous un ciel dégagé, sans nuages pour retenir la chaleur près du sol. La neige renvoie encore une partie de cette énergie, tandis que l’absence de forêt dense au fond de la vallée laisse le froid circuler presque librement.

Il arrive alors que le fond de la vallée affiche des valeurs plus basses que les crêtes voisines. D’autres combes jurassiennes, comme La Brévine en Suisse, le plateau du Grandvaux ou Chapelle-des-Bois, connaissent des températures voisines mais ne disposent pas toujours de station officielle. La Franche-Comté, région française la plus éloignée des mers, présente aussi un climat semi-continental qui limite l’influence adoucissante de l’océan.

Entre pistes nordiques, Transjurassienne et défi climatique

Ce décor rude a façonné une culture nordique très affirmée. Mouthe constitue l’arrivée de la Transjurassienne, grande course de ski de fond créée en 1979. Le tracé relie Lamoura au village ou vers Les Rousses sur environ 70 kilomètres, 68 depuis 2015. Chaque mois de février, près de 4 500 participants venus d’une trentaine de pays parcourent ces plateaux lorsque la neige est suffisante.

La Transjurassienne est la seule épreuve française inscrite au calendrier de la Worldloppet, circuit mondial des marathons de ski de fond. Le parcours traverse l’Espace Nordique Jurassien, qui rassemble des centaines de kilomètres de pistes damées. Les plateaux ouverts alternent avec des forêts d’altitude et des combes blanches. La station propose quelques pistes alpines, mais le ski nordique reste la marque principale du territoire.

Cette identité hivernale se heurte désormais au réchauffement climatique. Les habitants observent des hivers moins rigoureux, des chutes de neige plus irrégulières et parfois remplacées par la pluie. Depuis sa création, la Transjurassienne a déjà été annulée huit fois faute d’enneigement suffisant, dont récemment en 2024. L’avenir du village le plus froid dépend aussi de la capacité à adapter le parcours, la distance et le calendrier à ces nouvelles conditions.

Un territoire façonné par le froid qui cherche son avenir

Dans cette Petite Sibérie française, chaque relevé de température raconte un morceau de l’histoire locale. Habiter le village le plus froid signifie accepter des routes souvent gelées, des matins qui mordent le visage et des soirées très longues. Mais cela veut aussi dire vivre au cœur de paysages spectaculaires. Entre tradition nordique et climat qui change, les habitants doivent réinventer leur relation à cet hiver singulier.

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