Face à Donald Trump, Mohammed Ben Salman, prince héritier saoudien, a les cartes dont ne bénéficiait pas Volodymyr Zelensky

Les relations entre Washington et Riyad s’écrivent dans un équilibre mouvant entre sécurité, influence et calcul stratégique.

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Le rapport entre Washington et Riyad s’éclaire à la lumière d’un passé symbolique et d’un présent très calculé. Le prince héritier saoudien avance aujourd’hui avec une latitude inédite face à Donald Trump. L’enjeu tient à la combinaison d’intérêts politiques, sécuritaires et financiers. Le contraste avec l’expérience ukrainienne au sommet du pouvoir américain sert de repère. Le cœur du sujet reste l’équilibre d’influence recherché de part et d’autre.

De Quincy à Washington la relation vue par Donald Trump

Selon lemonde.fr, sur le croiseur Quincy, en 1945, Franklin Roosevelt avait scellé une entente devenue récit fondateur. Sécurité pour le royaume, accès aux hydrocarbures pour les États-Unis. Huit décennies plus tard, l’évocation persiste, mais le décor a changé. Le mythe éclaire encore les attentes, sans dicter les termes du moment.

Mohammed Ben Salman a consolidé son pouvoir depuis dix ans, après avoir marginalisé ses rivaux internes. Sa trajectoire fut marquée par la guerre au Yémen et par l’assassinat de Jamal Khashoggi en 2018, épisode qui a durablement pesé. Son autorité procède aussi du statut des lieux saints, d’une jeunesse démographique et d’une économie en mutation.

À son arrivée à la Maison Blanche, Donald Trump avait fait du royaume un passage obligé. Il a maintenu un soutien appuyé au prince héritier lors de la tempête post-Khashoggi. Cette proximité a nourri une relation directe, exposée aux aléas des crises régionales, mais utile aux deux capitales quand les intérêts convergeaient.

Leviers économiques et calculs politiques autour de Donald Trump

Les États-Unis se sont hissés au rang de premier producteur d’hydrocarbures. Le centre de gravité s’est déplacé vers les flux d’investissements. Donald Trump regarde désormais le potentiel du fonds souverain saoudien, perçu comme une source de capitaux massifs pour l’économie américaine, plutôt que l’accès au brut.

La relation personnelle s’est ancrée dans un environnement d’affaires foisonnant, où proches et partenaires ont porté des projets immobiliers dans la région. Le soutien présidentiel au prince héritier, au plus fort des critiques de 2018, a signalé une priorité : préserver un canal politique et financier, même sous pression internationale. Le signal a été reçu à Riyad.

Le contraste avec l’Ukraine renforce cette lecture. La réception mouvementée de Volodymyr Zelensky à Washington, le 28 février, a montré l’absence d’un levier équivalent. Les atouts saoudiens, financiers et stratégiques, ont pesé d’un autre poids. Le jeu n’est pas le même, la capacité d’échange non plus, et l’agenda bilatéral s’en ressent.

Contexte régional recomposé et marges de manœuvre saoudiennes

Les demandes saoudiennes couvrent l’aviation de combat et des garanties de sécurité plus explicites. Le dossier des F-35 rencontre des réticences au Pentagone et en Israël. La mémoire des attaques de 2019 et la critique passée de Donald Trump envers le royaume nourrissent une prudence active du côté saoudien.

Riyad additionne désormais les filets. Un accord de défense mutuelle a été conclu avec le Pakistan en septembre. Le rapprochement avec l’Iran en 2023 a suivi une médiation chinoise. Xi Jinping reste reçu avec faste, signe d’une diversification assumée des partenaires économiques et politiques au plus haut niveau.

Le paramètre palestinien demeure central. Le prince héritier refuse une normalisation sans État palestinien viable. Cette ligne pèse sur les équations régionales et sur les attentes américaines. L’hégémonie israélienne perçue complique la marge de manœuvre. Les demandes d’armement et de garanties s’inscrivent dans cette architecture contrainte mais flexible.

Ce que cette séquence révèle des équilibres à venir

La prochaine étape se jouera dans l’articulation entre sécurité, investissements et reconnaissance politique. Riyad cherchera des engagements concrets, tout en gardant plusieurs options ouvertes. Washington testera la solidité de ce partenariat élargi. La posture publique de Donald Trump pèsera, mais l’issue dépendra d’un faisceau d’intérêts croisés et d’une prudence partagée.

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