Le rêve d’une retraite paisible pousse certains Américains à traverser l’Atlantique pour changer de vie. Séduits par un modèle social unique, ils trouvent en France une sécurité et un confort difficilement accessibles chez eux. Cette quête d’équilibre entre santé et sérénité met en lumière un phénomène grandissant, désormais observé avec attention par les autorités françaises.
Sécurité sociale et retraités américains, un dispositif très attractif
Selon laprovence.com, pour ces retraités, le mode de vie français compte autant que l’accès aux soins. Ils viennent chercher un climat plus doux, une offre culturelle dense et un quotidien jugé plus apaisé que dans de nombreuses grandes villes américaines. La France apparaît comme une retraite choisie, pas seulement comme un refuge sanitaire.
La question financière reste pourtant décisive. Aux États-Unis, la couverture santé privée peut peser lourdement sur une pension. Avec des primes mensuelles qui dépassent plusieurs centaines d’euros. Certains assurés voient leurs dépenses augmenter avec l’âge, au moment même où leurs revenus se stabilisent ou reculent. Quitter le pays devient alors une stratégie pour préserver leur pouvoir d’achat.
L’exemple de Janice illustre ce basculement. Après un infarctus à 60 ans, cette Américaine a décidé de s’installer sur la Côte d’Azur. Son assurance maladie lui coûtait plus de 400 euros par mois avant son départ. Neuf ans plus tard, elle raconte vivre au bord de la Méditerranée, soignée par la Sécurité sociale, sans verser directement de cotisation en France.
Une loi de 2016 qui facilite l’installation de ces retraités
Derrière ces trajectoires individuelles se trouve la loi de 2016 portant sur la protection universelle maladie, dite PUMA. Ce texte garantit, sous conditions de résidence stable, un rattachement à l’assurance maladie française pour les personnes qui s’installent durablement sur le territoire. Le dispositif s’applique aux retraités américains comme aux autres étrangers.
L’accès à la Sécurité sociale repose d’abord sur des conditions de ressources et d’assurance privée. Les candidats doivent justifier de revenus au moins équivalents à un salaire minimum. Ainsi que d’une couverture santé préalable qui prend en charge jusqu’à 30 000 euros de frais médicaux. Ce socle vise à éviter que les premières dépenses ne reposent immédiatement sur le système français.
Sur le plan administratif, le parcours commence par un visa long séjour, le VLS-TS, équivalent à un titre de séjour. Après trois mois de présence régulière, la personne peut demander une carte Vitale et être rattachée au régime général. L’assurance privée souscrite dans le pays d’origine est alors résiliée, et les soins sont pris en charge par le système français, dans le cadre fixé par la loi.
Sécurité sociale et débat politique sur le coût pour les finances publiques
Ce dispositif commence pourtant à faire grincer des dents. Cela, alors que les finances publiques sont sous pression. Le projet de loi de financement de la Sécurité sociale vise à réduire le déficit d’au moins 23 milliards d’euros d’ici la fin de l’année. Dans ce contexte, plusieurs élus s’opposent à l’idée de prendre en charge les soins de retraités étrangers qui ne cotisent pas en France.
Le député Horizons François Gernigon porte l’un des amendements les plus commentés. Il propose de conditionner l’accès à la protection universelle maladie à une contribution minimale obligatoire. Cela, pour les ressortissants extracommunautaires installés en France. Selon lui, il s’agit de rapprocher le système de ce que connaît une mutuelle, avec un socle de base et des options supplémentaires.
L’élu estime que la Sécurité sociale doit maîtriser ce sujet pour préserver l’équilibre des comptes. Il plaide pour un “bouquet de soins” défini. Cela, assorti d’une cotisation minimale versée par les bénéficiaires étrangers, plutôt qu’un accès intégralement gratuit. Son amendement doit de ce fait être discuté à l’Assemblée nationale, où s’affrontent défenseurs de l’attractivité du pays et partisans d’un partage plus strict des coûts.
Un dispositif attractif remis en question par la pression sur les comptes sociaux
Ces retraités américains vivent aujourd’hui une retraite qu’ils jugent plus sereine, portés par un système de santé jugé plus protecteur que celui de leur pays d’origine. Mais l’équilibre entre attractivité internationale et soutenabilité financière devient plus fragile. Selon l’issue des débats parlementaires, les conditions d’accès à la Sécurité sociale pourraient être durcies, obligeant demain ces nouveaux arrivants à contribuer davantage au financement du modèle social français.